Anima transforme les musées en terrain de jeu
A la tête de la start-up Anima, Isabelle Terrissol imagine des escape games dans les plus grands musées de France. Cette passionnée de jeux en tout genre livre son regard expert sur cette tendance en vogue.
« Mélanger le jeu à la culture est formidable. Cela rend les musées accessibles à un large public ». En octobre 2018, l’agence Anima créait au Louvre « Projet Exodus : les couloirs du temps ». Cet escape game plonge les visiteurs au début de la Seconde guerre mondiale, à l’aube de l’Occupation nazie. « Pour éviter d’être pillées, les plus belles œuvres du Louvre sont cachées par le mathématicien anglais Alan Turing grâce à une machine à voyager dans le temps. Charge aux enquêteurs, munis de documents secrets et d’une mallette codée, de les récupérer et regagner le monde d’aujourd’hui avant la fin du chronomètre ! », décrit avec enthousiasme Isabelle Terrissol, fondatrice de la start-up Anima. Après Richelieu puis Sully en 2019, le troisième (et dernier) épisode du Projet Exodus se tiendra dans l’aile Denon en 2020.
Eveiller les sens
Louvre, Orsay, Invalides, Quai Branly, Centre Pompidou, Jardin des plantes… Créée il y a dix ans, l’agence Anima organise des escape games au cœur du patrimoine parisien. En 2020, place à la piscine Molitor et au musée d’art contemporain de Lyon. « Les chasses au trésor au musée ne sont pas une nouveauté, mais restaient confidentielles jusqu’à l’essor des escape games il y a trois ans », explique Isabelle Terrissol.
Pour les musées, ces jeux prisés par les jeunes et les familles ont une réelle utilité :
ils redynamisent la fréquentation, rendent la visite moins intimidante. Pour les visiteurs, « le jeu permet de découvrir les œuvres autrement, à plusieurs, contrairement à l’audioguide qui favorise une découverte en solitaire des œuvres », poursuit Isabelle Terrissol. Et d’ajouter : « Le rapport aux œuvres est lui aussi différent. Tous les sens sont en éveil. On fait appel à ses capacités d’observation et de logique pour identifier les détails des tableaux pour résoudre les énigmes. C’est plus convivial, plus immersif qu’un circuit classique et le visiteur devient proactif. »
Un support complémentaire à l’audioguide
En coulisses, Anima scénarise le plus souvent les jeux en lien étroit avec les musées. « Les énigmes sont pensées par rapport aux collections du musée et à l’histoire des bâtiments. Nous devons faire preuve d’ingéniosité, mettre l’accent sur un thème de visite plutôt qu’une période historique », détaille la spécialiste.
Au Louvre, cette formule a séduit 10 000 personnes depuis son lancement. Une goutte d’eau au regard des dix millions de visiteurs du Louvre en 2018. Mais l’essentiel est ailleurs : « Le jeu au musée est un outil complémentaire mais vital pour favoriser l’accès à la culture », affirme la fondatrice de l’agence. Parmi les freins qui restent à lever, la crainte, d’abord, de certains responsables de musée que ces joueurs ne viennent perturber l’habituelle quiétude des salles d’expositions. Puis le prix des escape games. Il faut compter 115€ pour jouer à six au « Projet Exodus », plus le ticket l’entrée. Autant de pistes à explorer pour que les escape games ne s’échappent plus des musées.
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