Le 1er juillet 2015, le musée du Louvre adoptera la tarification unique avec un billet d’entrée à 15€ donnant accès à la collection permanente et aux expositions temporaires. Cette mesure relance le débat sur les politiques tarifaires des musées. Petit tour des pratiques tarifaires du MET et des Arènes de Nîmes.

Visiter le MET pour un dollar… seriously ?

Les tarifs affichés au-dessus des guichets de billetterie du Metropolitan Museum of Art de New York (MET) indiquent que le prix adulte est de 25$. Mais le lecteur attentif découvrira qu’il est précisé en italique qu’il s’agit d’un prix « recommandé ». Cela signifie concrètement que le visiteur peut découvrir les merveilles de l’un des plus grands musées d’art du monde pour un dollar. « Avec cette politique, nous voulons donner accès au musée à tous les publics, quelle que soit leur catégorie socio-professionnelle » déclare Harold Holzer, Senior Vice President for Public Affairs au MET.

A l’origine de ce choix tarifaire : un deal passé dans les années 70 avec la ville de New York. « En 1977, quand le musée a voulu s’étendre dans New York et développer d’autres ailes comme l’American Wing ou la Rockefeller Wing, il a négocié avec la municipalité new-yorkaise pour acquérir des terrains. En échange, la ville lui a demandé d’instaurer le tarif recommandé ».

Attention, ce tarif n’est pas valable en ligne : les visiteurs qui réservent leur billet sur Internet doivent, eux, s’acquitter des 25$ « recommandés ».

Combien paient les visiteurs quand on leur laisse le choix ? En 2014, le prix moyen par visite était de 11$ – à mettre en regard avec les 60$ que chaque visiteur coûte au musée. « Il arrive que les visiteurs donnent plus que le prix conseillé, mais c’est rare ». Le Senior Vice President for Public Affairs note que les New-Yorkais sont ceux qui payent le moins. « Ils considèrent que la ville de New York nous aide suffisamment et ne dépensent pas beaucoup pour leur visite. Les visiteurs étrangers sont plus généreux ».

Harold Holzer rappelle toutefois que les billets payés par les visiteurs ne représentent que 10% des revenus totaux du MET en 2014, la majeure partie du financement du musée découlant des donations et du merchandising.

Des monuments gratuits… pour les Nîmois

Michael Couzigou

Tout comme le MET, la politique tarifaire des Arènes de Nîmes a fait l’objet d’un accord entre la Ville et l’établissement culturel.

« Lorsque la ville de Nîmes gérait elle-même les Arènes, la Maison Carrée et la Tour Magne, le tarif était déjà gratuit pour les habitants de la commune. En 2006, lorsque nous avons repris leur gestion, nous étions contractuellement tenus de garder cette politique », note Michael Couzigou, le Directeur des Arènes de Nîmes.

Ainsi, alors que le tarif adulte de la visite des trois monuments s’élève à 11€, pour les Nîmois, l’entrée est gratuite.

Michael Couzigou reconnaît avoir été d’abord surpris par cette politique et craignait de perdre une partie de ses recettes. Mais il s’est rapidement rendu compte de ce que cette politique tarifaire avait de positif : si les Nîmois ne représentent que 30 000 visites par an (10% de la fréquentation totale des monuments), ils n’hésitent pas à s’improviser guides culturels. « Les Nîmois sont nos ambassadeurs. Ils invitent leurs proches venus d’autres régions de France à visiter les Arènes et sont fiers de leur montrer le patrimoine ».

Pour encourager les habitants de la ville à revenir, Michael Couzigou mise sur les outils multimédias. « Contrairement à la plupart de nos visiteurs, le public local est en quête de nouveautés. » En 2014, il a mis en place une tablette visioguide équipée de la réalité augmentée. Elle permet au visiteur de remonter le temps et de voir les Arènes telles qu’elles étaient dans l’Antiquité et au Moyen-Âge.