Plongée dans une Venise plus vraie que nature à Caumont Centre d’Art
A chaque tableau son air d’opéra
C’est sur des opéras de Vivaldi, « L’incoronazione di Dario » et « Arsilda, regina di Ponto », que l’on découvre les décors de théâtre peints par Canaletto au début de sa carrière, sur les traces d’un père qui en avait fait son métier. Grâce au système d’enceintes unidirectionnelles installé à la demande du scénographe Hubert Le Gall, la musique n’est perceptible que devant l’œuvre à laquelle elle est associée. « Je ne voulais pas que la musique gêne la visite du public, mais qu’elle l’accompagne. Avec ce mécanisme de « douche musicale », elle s’estompe lorsque le visiteur passe d’un tableau à un autre ». Pour Bozena Anna Kowalczyk, le choix de faire découvrir le maître des vedute au son de Vivaldi permet de montrer à quel point « la musique faisait partie de la vie de Canaletto ».
Mieux connaître Canaletto pour mieux apprécier son œuvre, c’est ce que la commissaire générale de l’exposition souhaite aux visiteurs. Dans la salle qui présente les expérimentations techniques de l’artiste, Hubert le Gall a ainsi reconstitué une camera oscura, un appareil utilisé par Canaletto pour saisir précisément les contours de ce qu’il souhaitait peindre et retravailler en atelier les dessins croqués “sur le motif” en plein-air.
Sur les canaux de la Sérénissime
Pas de Canaletto sans Venise. La Sérénissime occupe donc une place de choix à Caumont Centre d’Art, où elle est exposée comme une œuvre à part entière. Sur d’anciens plans de la ville, des vignettes des tableaux de Canaletto montrent les lieux prisés du peintre, tandis que des films de Fellini rappellent les somptueuses fêtes et les séducteurs flamboyants qui ont fait la renommée de la Cité des Doges.
Clou multimédia de l’exposition : dans une salle projetant le visiteur à Venise grâce à la mise en scène numérique , celui-ci avance sur un ponton en bois, au milieu d’un canal sur lequel se reflète un gigantesque « caprice » de Canaletto, qui prend vie devant ses yeux. Passants et chiens s’animent au son des cloches de Santa Croce, tandis qu’une légère brise trouble la surface de l’eau. C’est à la technologie AMIEX développée par Culturespaces et au réalisateur Gianfranco Iannuzzi que l’on doit cette promenade grandeur nature en plein cœur de la Venise du 18ème siècle.
Contre le tout numérique
Si, pour Hubert le Gall, l’utilisation d’AMIEX offre un « moment de fête au visiteur », la commissaire d’exposition insiste, « les installations numériques et multimédias ne sont pas, bien sûr, le plus important et n’ont pas été conçues comme telles ». Elles apportent plutôt une dimension ludique au parcours scientifique et pédagogique, en complément des œuvres, qui témoignent de l’esprit et de la finesse de Canaletto.
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