Dis maman, quand est-ce qu’on va au musée ?
Comment les musées attirent-ils aujourd’hui les jeunes ? Pour répondre à cette question, nous avons choisi d’interviewer la société Acoustiguide, leader mondial dans la médiation culturelle des musées depuis près de 58 ans. Laetitia Wilfert-Portal, chef d’équipe France, et Jacques Erick Piette, responsable de production, nous dévoilent les trois raisons qui font que vos enfants vous supplieront bientôt d’aller au musée…
Un discours qui séduit les jeunes
Jacques Erick Piette est formel : pour attirer les jeunes, il faut d’abord adapter son discours. On ne visite pas un musée de la même façon à 7 ou à 77 ans. Pour les plus jeunes, la pédagogie est reine. « Cela peut sembler évident, mais des explications supplémentaires doivent par exemple être données aux enfants sur des notions techniques ou des lieux qu’ils ne connaissent pas ».
« Maman, maman, j’ai l’impression de pouvoir rentrer dans le tableau ! »
Mais le discours, c’est plus que du texte. Le son est primordial. « Chez Acoustiguide, nous aidons les musées à mettre en place une expérience sonore qui démultiplie l’expérience-visiteur » souligne Laetitia. Les bruitages, les musiques, les descriptifs audio sont autant d’outils précieux qui ravivent l’intérêt du jeune public, et lui évite de sombrer dans l’ennui. Le sourire aux lèvres, la jeune maman se souvient alors de la remarque de sa fille de six ans devant un tableau « animé » de Cima au musée du Luxembourg : « maman, maman, j’ai l’impression de pouvoir rentrer dans le tableau ! »
S’il te plait, raconte-moi une histoire !
Pour servir le propos des musées auprès des jeunes publics, rien de tel que de leur raconter des histoires, et de les impliquer dans celles-ci grâce à des jeux. Ça tombe bien : des histoires, ce n’est pas ce qui manque dans les musées ! Ateliers ludiques et chasses au trésor pour les tout-petits, serious games et parcours interactifs sur tablette pour les adolescents : à chaque musée sa manière de parler aux jeunes. « Nous fournissons aux musées les moyens de raconter de belles histoires aux enfants » continue Jacques.
« Les enfants deviennent acteurs de la visite, et non plus simples spectateurs »
Les exemples d’initiatives des musées envers les jeunes ne manquent pas. Au musée d’Orsay, des expériences scientifiques sont proposées, mais aussi des enquêtes sur la vie cachée des œuvres ou même des entretiens imaginaires avec des grands Maîtres. Toujours au musée d’Orsay, une application, « Le musée d’Orsay en famille », propose aux visiteurs adultes accompagnés d’enfants (8 à 12 ans) neuf parcours thématiques au sein des collections. Chaque parcours aborde les œuvres emblématiques du musée sous un angle précis (la question du portrait, le voyage, l’art et l’histoire…). Fière de cette application qu’elle a imaginée, Françoise s’explique : « ces parcours interactifs permettent de capter l’attention des enfants qui se cultivent tout en s’amusant. Il deviennent acteurs de la visite, et non plus simples spectateurs ». Des applications similaires de « parcours enfants » ont également été développées à la saline royale d’Arc et Senans ou pour l’exposition Hokusai au Grand Palais. A Avignon, le palais des papes propose quant à lui un parcours audio-guidé enrichi de films, d’extraits sonores, d’images et de reconstitutions de décors… Les enfants en redemandent !
Les nouveaux supports : bienvenue dans la 4ème dimension
Tablettes, objets connectés, casques audio : les technologies décuplent les possibilités des musées. Ces nouveaux supports, plus interactifs et ludiques, sont une mine d’or pour séduire les jeunes publics. Une tablette tactile va permettre en un clic d’avoir des informations annexes sur une œuvre, un casque audio vous fera voyager en pleine forêt amazonienne, un smartphone vous permettra via une application de consulter le plan détaillé d’une pyramide, etc. « Les nouveaux supports sont aussi un moyen de prolonger l’expérience de la visite, ce qui est particulièrement appréciés des plus jeunes ». Laetitia prend pour exemple l’exposition Hunger Games au Discovery Times Square à New York, où une appli en partie hologramme permet de se créer un passeport numérique lors de l’exposition et de repartir avec pleins de souvenirs (photos, videos etc.).
« Ces outils sont un biais pour se cultiver, et non une fin en soi. »
Dernière innovation en la matière : les lunettes connectées au Grand Palais. Pour la première fois, des Google glass ont ainsi été mises à disposition du public, faisant la grande joie des adolescents. A Jacques, cependant, de nuancer un peu le propos : « il faut bien garder à l’esprit que ces nouveaux outils doivent toujours être au service de l’œuvre. C’est un biais pour se cultiver, et non une fin en soi. » En effet, pour ces deux férus de culture, habitués dès leur enfance à enchainer les expositions avec leurs parents, le musée doit rester pour les jeunes un moment de découverte et de partage, une expérience unique que l’on est fier de raconter le soir en rentrant chez soi. « Finalement, tout est une question d’équilibre entre l’attrait et l’information. » conclut Laetitia. Finis donc les week-ends pantoufles : avec ces nouvelles manières de visiter, vos enfants n’ont pas finis de vous trainer au musée !
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