À la tête du Musée des Arts Décoratifs, Olivier Gabet considère l’objet comme la pièce maîtresse de ses expositions. Sa stratégie pour faire de son musée le temple du « beau dans l’utile ».

 

Un modèle de financement hybride qui a fait ses preuves

« Notre première particularité est d’avoir un modèle hybride entre public et privé » commence Olivier Gabet. Le musée des Arts Décoratifs est en effet régi par le statut associatif loi 1901, la moitié de son budget provenant du mécénat et l’autre moitié de l’Etat pour la délégation de ses collections nationales. Un modèle que sont venues conforter les lois Aillagon de 2003 permettant aux entreprises de défiscaliser une partie de leur dons aux musées. Et sur la frontière entre l’intérêt patrimonial et l’intérêt publicitaire des œuvres exposées, Olivier Gabet dissipe immédiatement tout malentendu : « la ligne de démarcation est claire : nous ne réalisons jamais une exposition sans avoir la plus totale autonomie dans l’organisation de celle-ci ». Il prend l’exemple de l’exposition Marc Jacobs / Louis Vuitton réalisée il y a quelques années : « cette exposition a donné lieu à un fonds d’acquisition de 150 000 euros par an qui a servi à acheter tout, sauf des pièces LVMH ! ».

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Exposition Louis Vuitton / Marc Jacobs

La valeur universelle de l’objet d’art

La star du Musée des Arts Décoratifs est l’objet, « élément universel qui porte en lui sa propre narration » selon une expression chère à Olivier Gabet. Le musée est en effet créé en 1864 par un groupe de manufacturiers et d’artistes dont le crédo pourrait être résumé comme suit : « tout sujet a le droit d’être cité dans un musée du moment où il est traité comme un art ». 150 ans après, sur 10 000 mètres carrés sont organisées aux Arts Déco une douzaine d’expositions par an, accueillant près de 500 000 visiteurs venus admirer autant d’œuvres. Pour illustrer la valeur universelle et artistique de l’objet, Olivier Gabet revient sur une exposition phare de 2015, « Déboutonner la mode », consacrée aux boutons et soutenue notamment par la maison Le Printemps. « Le bouton est un prisme formidable pour balayer l’ensemble de l’histoire de la mode. À travers lui, on découvre les plus célèbres couturiers tels que Paul Poiret, Elsa Schiaparelli, Christian Dior, Jean Paul Gaultier ou encore Patrick Kelly ». Acquise en 2012, cette collection a d’ailleurs reçu le statut d’œuvre d’intérêt patrimonial majeur par la Commission consultative des Trésors Nationaux. Un petit objet devenu ainsi une passerelle directe entre la mode et l’art, incarnation parfaite du « beau dans l’utile ».

Barbie, la star du moment

L’exposition du moment ? La poupée la plus célèbre de l’histoire, Barbie. Pour cette exposition, le Musée des Arts Décoratifs est allé voir Mattel en lui proposant de mettre sous les projecteurs sa poupée, véritable emblème de la pop culture et de l’American Way of Life. «Àelle seule, Barbie incarne tous les paradoxes et toutes les audaces de la société américaine ». Une initiative applaudie par des journaux français comme les Inrockuptibles et Libération, mais aussi internationaux comme le New York Times, qui a notamment salué le « distinguo brillant opéré par le musée des Arts Décoratifs entre la marque et la création artistique ». Une exposition qui s’inscrit dans une longue tradition, puisque le musée possède à ce jour la plus grande collection permanente de jouets au monde, avec près de  16 000 pièces à son actif.

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Exposition Barbie

Pour finir, deux autres expos à ne pas manquer ?

« Actuellement, au Musée des Arts Décoratifs, l’exposition « Fashion Forward » qui revient sur trois siècles de mode et qui réunit près 300 pièces de mode féminine, masculine et enfantine du XVIIIe siècle à nos jours. Et à la rentrée, une exposition consacrée à Roger Tallon, designer illustrant le génie industriel français, qui sera à l’honneur dans une exposition réalisée en partenariat avec la SNCF. Et une troisième pour la route, même si j’ai envie de toutes les citer : l’exposition « L’esprit du Bauhaus » fin octobre, qui rendra hommage à ce mouvement prolifique à travers plus de 900 oeuvres… »