Le multimodal, nouveau style des expositions temporaires
Terminé, l’âge d’or des expositions temporaires ?
Fin 2010, l’exposition Monet au Grand Palais attire 900 000 visiteurs en quelques mois, pulvérisant les estimations des organisateurs. Depuis, les musées misent largement sur les expositions temporaires présentant des artistes stars pour faire salle comble. Mais ces années fastes seraient-elles révolues ?
« Nous ressentons depuis deux ans un tassement dans la fréquentation des expositions temporaires » indique Bruno Monnier, le Président de Culturespaces. Erosion du pouvoir d’achat et augmentation du prix des expositions expliquent en partie cette situation. Mais Bruno Monnier voit un autre facteur : « Nous arrivons peut-être à un certain essoufflement du modèle traditionnel des expositions temporaires ». Il poursuit : « Une exposition nouvelle doit intégrer de plus en plus de numérique, de musique et d’effets spéciaux ».
Pour le Président de Culturespaces, ces nouveaux modes d’exposition répondent à l’évolution de notre société. « Les expositions multimodales, ou multimédias, plaisent aux plus jeunes, qui sont très connectés. Pour moi, c’est une évolution irréversible ». Le succès des spectacles numériques AMIEX organisés par Culturespaces aux Carrières de Lumières semble lui donner raison : l’année dernière, Klimt et Vienne, Un siècle d’or et de couleurs a séduit plus de 500 000 visiteurs.
La prochaine génération d’expositions multimodales
Pour l’exposition inaugurale de Caumont Centre d’Art, le nouvel espace culturel ouvert par Culturespaces à Aix-en-Provence, Bruno Monnier a mis les nouvelles technologies à l’honneur. Projections digitales, musique et immersion dans la Sérénissime ponctuent la rétrospective du peintre vénitien Canaletto.
« Ces nouvelles pratiques nous amènent à collaborer avec des partenaires techniques et des scénographes qui réfléchissent avec nous aux nouveaux modes de communication culturelle ». Parmi les innovations sur lesquelles travaillent les équipes de Culturespaces pour le futur : des hologrammes de personnages grandeur nature capables de parler aux visiteurs, et des systèmes numériques interactifs, grâce auxquels les visiteurs pourront, d’un simple geste, agrandir des reproductions d’œuvres. « Nous nous intéressons à toutes les technologies qui explorent les interactions entre l’œuvre et le public » résume Bruno Monnier.
Et l’œuvre originale dans tout ça ? Le risque qu’elle se retrouve noyée au milieu de procédés digitaux est réel. Même si Bruno Monnier insiste sur le fait que « la contemplation de l’œuvre reste au cœur du dispositif », l’équilibre à trouver est subtil. C’est peut-être cette fine ligne qui fera la différence entre expositions multimodales et divertissements culturels.
Les nouvelles technologies qui remplacent l’audioguide
Autre grand classique des visites mis sur la sellette : l’audioguide. De plus en plus de musées font désormais communiquer les œuvres directement avec le smartphone du visiteur. Un dispositif qui pourrait bien remplacer à la fois les audioguides actuels, les cartels et les textes de salle.
« Nous sommes en train d’installer un système inédit de liens immédiats entre l’œuvre et le smartphone de nos visiteurs » révèle Bruno Monnier. A partir de capteurs placés derrière chaque tableau, les smartphones raconteront aux visiteurs les dessous de l’œuvre qu’ils ont sous les yeux.
Double avantage de ce système : plus de flexibilité pour les organisateurs et moins de contraintes pour les visiteurs, qui n’ont plus besoin que de leur smartphone. « Nous piloterons tout à distance : nous pourrons envoyer nous-mêmes les données (commentaires, images, etc.) à ces boîtiers, qui les communiquent en temps réel aux visiteurs. Et il est possible de modifier et d’enrichir à tout instant ces informations » décrit Bruno Monnier. Fini l’audioguide préenregistré : les nouvelles expositions seront commentées par des voix recréées automatiquement par ordinateur.
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