La Tate Modern fait danser son public
Le musée de la danse, une idée made in France
Transformer la Tate Modern en un Musée de la Danse : c’est le chorégraphe français Boris Charmatz qui a soufflé l’idée à Catherine Wood. En 2009, le chorégraphe de « Régi » (Grand Prix de la danse du Syndicat de la critique en 2005) devient directeur du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne et le rebaptise « Musée de la danse ». Sa volonté ? Montrer que la danse fait vraiment partie du patrimoine culturel et proposer une réflexion sur la danse contemporaine, à travers des vidéos sur des chorégraphes, des expositions monographiques, des performances live et des cours d’initiations à la danse.
« On a voulu lancer le pari à la Tate Modern et voir si un musée « classique », où des œuvres sont exposées, pouvait se transformer en musée de la danse pour 48 heures », explique Catherine Wood. La Tate Modern a donc invité Boris Charmatz et 90 danseurs à prendre possession du musée.
Pourquoi avoir misé sur la danse ?
« Le langage du corps et de la danse fascinent depuis toujours les artistes. La vie même d’un musée ressemble à une chorégraphie. Les visiteurs qui déambulent dans les couloirs, les techniciens qui éclairent le musée, les commissaires qui accrochent les tableaux… tout cela fait partie d’une danse, en quelque sorte » s’amuse le commissaire.
Alors on danse ?
Pour la Tate Modern, la danse est également un moyen innovant d’impliquer le visiteur. L’objectif n’est pas d’attirer un nouveau public, mais de surprendre les habitués de la Tate.
Première surprise : un nouvel éclairage sur les collections du musée. Répartis dans les salles de la Tate, les danseurs de la performance « 20 danseurs pour le 20ème siècle » réalisent ainsi une chorégraphie de leur choix devant les œuvres de la Tate.
Ensuite, le public a pu donner son avis sur le Musée de la danse pendant la visite guidée « Expo zéro », une exposition sans œuvre pendant laquelle des sculpteurs, des commissaires d’expositions et des danseurs débattent avec le public. « C’est l’occasion pour les visiteurs d’échanger avec des professionnels », se félicite la curatrice.
Autre objectif que s’est fixé la Tate : faire danser ses visiteurs au rythme de la musique du « Turbine Hall », boîte de nuit éphémère installée dans le hall de la Tate, et sur la chorégraphie « Levée des conflits » enseignée par Boris Charmatz.
« Sur les réseaux sociaux, le hashtag #dancingmuseum permet aux internautes de suivre la conversation du Musée de la danse », ajoute Catherine Wood. La curatrice ne doute pas de la participation des 1,5 millions de followers Twitter de la Tate (qui rassemble la Tate Modern, Tate Britain, Tate Liverpool et Tate St Ives). Par comparaison, le compte Twitter du Louvre rassemble 300 000 followers.
Un musée dans l’air du temps
Et si ce public est aussi fidèle, c’est parce que la programmation de la Tate s’inscrit résolument dans l’air du temps.
Dès l’année 2011, le musée signe un partenariat avec BMW pour créer le BMW Tate Live, dans le cadre duquel s’inscrit « If Tate Modern was Musée de la Danse ? », afin de promouvoir des performances live au sein du musée.
Et les visiteurs internet ne sont pas oubliés. « Nous avons environ 20.000 visiteurs sur notre site. Il nous fallait développer un programme qui leur était spécialement dédié », indique Catherine Wood. Ainsi une nouvelle salle, la Performance Room, a été inaugurée pour accueillir les performances d’artistes diffusées sur la plateforme en ligne du musée. Un espace d’expression pour un public exclusivement virtuel. La plateforme en ligne créée pour le BMW Tate Live 2014 a totalisé plus de 165 000 vues dans 90 pays de par le monde.
Le secret de la Tate ? « Nos directeurs s’interrogent continuellement sur ce que seront les expositions de demain, et avec le projet « Musée de la danse », nous avons apporté un élément de réponse ! », conclut Catherine Wood.
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